Rythmes et continuité


En février, du moins chez moi, dans les Vosges, printemps et hiver se rencontrent.

Et entre les deux, si l'on écoute bien, de l'intérieur...on entend le silence...

Le silence se trouve entre l'hiver et le printemps, comme entre deux vagues ou entre deux marées, au bord de la mer, comme entre deux respirations si l'on prend seulement le temps de s'arrêter un peu et d'écouter.
Les marées, les saisons, la respiration...et bien d'autres éléments encore...sont les rythmes de l'univers. Nous en sommes habités. Nous retrouvons ce silence entre les paroles, lorsque nous sommes à l'écoute d'une personne ou d'un groupe.

Avec la pratique des trois attitudes, il me semble qu'un rythme s'installe.

En même temps, entre la congruence et l'empathie, nous pouvons parfois vivre comme une rencontre entre des contraires, au moins une tension. Mais aussi entre la compréhension empathique accompagnante, proche, délicate, et la considération positive inconditionnelle qui implique une reconnaissance de l'autre en tant qu'autre, et radicalement autre, peut émerger comme un jeu dialectique avec des pôles contraires.

Pouvons-nous entendre la vérité dialectique qui jaillit de la rencontre entre les "contraires" que ces attitudes véhiculent : attention à soi et attention à l'autre, proximité et distance, sécurité et liberté, l'altérité et la fusion etc... ?

Pourrions-nous approfondir notre compréhension des trois attitudes avec cet éclairage ?
Qu'en pensez-vous ?

Josette


Le silence d'où viennent les mots


Une expérience de groupe lorsque le silence est présent.

Ce groupe se rencontre deux heures par mois pour entrer dans une autre dimension de la parole qui se dit, dans un dialogue entre parole et silence.

Silence...en relation les uns avec les autres.

Une Présence ou qualité de silence s'installe.

Du silence, émergent des mots, peu à peu, comme un tableau se réalisant lentement...
Ces mots qui viennent sont pour nous comme un "enseignement" qui se construit dans le partage des expériences intérieures, à la recherche de mots authentiques.

Ce soir, vient la question de la peur :

La peur trouble, obscurcit. Quand il y a peur, il ne peut y avoir l'amour. Pourtant, la peur semble une expérience fondamentale, essentielle, profondément ancrée dans nos vies humaines.
La peur est liée à la conscience que j'existe, que je suis fragile, que je peux casser ou disparaître...peur de disparaître et désir de continuer à exister...La peur vient du décalage entre ce que je souhaiterais, ce que j'imagine, et ce qui existe : c'est le domaine des projections...La peur s'inscrit dans notre temps : projection du désir, elle se situe dans le futur ; souvenir d'expériences traumatisantes, elle se situe dans le passé.
Au moment présent de l'expérience précise et immédiate, il n'y a plus ni peur ni désir.

MAIS AUSSI :

A travers la peur, à travers la violence qu'elle suscite souvent, s'exprime le désir de vivre, et la beauté de la vie. La peur est inscrite dans notre réalité humaine : si je ne vois pas cette réalité, je ne peux pas non plus voir l'autre partie, l'expression divine...

Il me semble que lorsque le silence est présent, d'une manière ou d'une autre, les mots finissent par toucher quelque réalité humaine, profonde et universelle. Cela arrive aussi de temps en temps, dans les groupes de rencontre Centrés sur la Personne, sans que cela soit recherché. Mais il ne s'agit pas de n'importe quel silence.

Pour qualifier cette "atmosphère", certains participants parlent d'énergie. C'est comme un bain de silence, le ressenti d'une présence qui unifie et rassemble. Les mots prononcés touchent à l'essentiel : ils disent la Vérité, l'Unité, la construction commune, la Vie, l'Humanité.

Cette qualité de présence appelle à une mise en forme : ce peut être l'évocation d'une création artistique ou de pistes nouvelles pour avancer dans la résolution d'une difficulté, orienter autrement attitudes et comportements, ou changer de regard tout simplement.
Ces expériences m'amènent à réfléchir sur l'interaction entre les mots et le silence :

Que deviennent les mots lorsqu'une certaine qualité de silence est présente ?
Que devient notre écoute entre parole et silence ?

Josette