Dernière séance.

Je voudrais partager ma grande joie aujourd'hui, parce que au dernier WE de supervision à Paris pas plus tard qu'hier, je disais ne pas oser me dire psychothérapeute parce que certes, je recevais quelques clients, mais je n'avais pas encore mené une psychothérapie à son terme, jusqu'à "guérison" complète, totale, satisfaisante et reconnue par les deux parties, thérapeute et client. Je disais que certes, je recevais certains clients depuis très longtemps, et qu'ils avaient progressé visiblement et avaient amélioré leur vie, mais leur problème fondamental qui les empêchait de la vivre pleinement et sans limites était toujours là, bien présent et avec son effet de frein et de blocage. Or ça m'est arrivé ce matin. Mon client, qui avait déjà reporté quelques fois son RV, est arrivé serein et détendu, le visage souriant, et la conversation était très légère. Tout allait bien, comme il le souhaitait. C'était la situation que décrit Rogers quand il dit qu'on ne peut plus distinguer le client du thérapeute. En effet, après un échange d'1 heure (alors que quand il est sous tension la séance dure facilement 2 heures), il me dit : "bon, qu'est ce qu'on fait, maintenant ?" sous entendu : "Est-ce utile de reprendre un RV ?" Nous avons convenu que je restais disponible au cas où il éprouverait le besoin de me voir à nouveau. Ce n’était peut-être pas un cas extrêmement difficile : Il n’avait présenté qu’un problème de réinsertion professionnelle sans jamais entrer dans le domaine de sa vie privée, ni son enfance, n’évoquant que les problèmes actuels de relation avec ses patrons et ses collègues, et avec la «paperasse», la gestion administrative, l’appréhension de se lancer seul. Il s’est tranquillisé sur le bien-fondé de son ressenti vis à vis des patrons, des collègues, et son désir de travailler seul. Ce qu’il fait maintenant en toute sérénité. Il est plombier.
Yves
Commentaires

Je comprends ta joie Yves, de partager avec ton client l'aboutissement d'un processus. A chaque fois qu'un client arrive ainsi à une certaine réalisation de soi, j'éprouve aussi beaucoup de joie, j'ai l'impression d'avoir participé à un processus d'ouverture et d'épanouissement. Carl Rogers parlait de la personne fonctionnant pleinement, de façon fluide et créative pour désigner le résultat d'une psychothérapie aboutie. La majorité des clients viennent d'abord résoudre un problème ; beaucoup s'arrêtent quand le problème cesse d'être aigû et que la qualité de vie paraît suffisante. Quelques uns continuent jusqu'à une expérience plus fluide et plus profonde d'eux-mêmes. Ce sont eux, surtout, qui renforcent ma confiance dans l'ACP, c'est comme si je voyais se dérouler devant moi et avec moi, les écrits de Rogers. J'ai quelques critères qui m'indiquent l'aboutissement d'une thérapie et je les retrouve dans l'exemple dont tu parles : - la personne assume son existence au quotidien et elle est globalement satisfaite de sa vie - les relations sont assumées et globalement satisfaisantes - l'image de soi devient positive et confiante - une certaine créativité est possible, de façon très différente selon les personnes. Il y a sûrement encore d'autres indices... Les clients qui peuvent arriver jusque là me donnent confiance, me montrent le processus ou le chemin. Ils me permettent de garder la confiance lorsque cela fonctionne moins bien.!
Josette